Fédérer les Acteurs des Soins Primaires ?
Soins extra-hospitaliers, soins ambulatoires, soins de proximité, soins de premiers recours, soins de première ligne, soins primaires… Autant de dénominations qui, probablement, se substituent ou se recoupent dans l’esprit des acteurs qui les utilisent.
Mais ce foisonnement terminologique (et aussi sémantique) exprime probablement la difficulté d’appréhension de la notion de « soins primaires » dans le contexte français.
Le concept de « soins primaires de santé » (primary health care) est promu activement par l’Organisation Mondiale de la Santé depuis sa déclaration fondatrice dite de Alma-Ata en 1978 en faveur du développement des « soins primaires de santé ».
Il fait l’objet de réflexions, d’analyses régulières et conditionne les politiques de santé dans de nombreux pays, notamment en Europe.
Il mérite, toutefois, d’être interrogé à la lumière de la situation française. Il s’inscrit, en effet, dans une conception systémique des structures et moyens sanitaires présents sur un territoire donné comme un ensemble cohérent et coordonné, avec la distinction explicite de deux fonctions essentielles et complémentaires :
- une fonction de « soins premiers » (primary care)
- et une fonction de « soins seconds » (secondary care).
Dans une approche « soins premiers », l’organisation des acteurs est centrée autour de la « santé » et non de la « maladie », ce qui implique une démarche globale et fondamentalement préventive, développée auprès des populations dans la globalité de leurs besoins sanitaires.
Très prochainement sera annoncée la création d’une Fédération des Soins Primaires.
Se retrouveront au sein de ce nouveau collectif des associations et des organisations professionnelles partageant le même souci de mieux répondre aux besoins de santé des populations. Ils s’allieront pour promouvoir l’exercice pluriprofessionnel, clé de voûte de cette démarche fédérative.
Cela sera – nous l’espérons – la poursuite logique d’une transformation de l’organisation de notre système de soins vers un système de santé plus cohérent. Car dans le monde de la santé, les changements politiques et institutionnels, pour réussir vraiment, doivent s’articuler avec les changements professionnels et vice-versa.
La réorganisation pluriprofessionnelle de l’offre sanitaire dans le secteur ambulatoire constitue assurément l’avenir. Mais cet avenir ne sera pas simple à construire ! Car il s’agit d’abandonner tout ce qui nous conduit au repli sur soi, à la méfiance de l’autre, à la concurrence stérile.
Cette Fédération des Soins Primaires devrait donc rapidement ouvrir plusieurs chantiers. Le plus difficile d’entre eux sera sans doute de changer les cultures et mentalités professionnelles, afin que cette mutation des Soins Premiers devienne vraiment une réalité dans notre pays, durable et bénéfique pour tous.
Didier Ménard, Président de la FémasIF
Jacques Cittée, Secrétaire général de la FémasIF