Comment faire communauté sur son territoire ?
Les négociations actuelles entre les syndicats professionnels et l’Assurance Maladie autour de la mise en place des Communautés Professionnelles Territoriales de Santé (CPTS) devront sans doute déboucher bientôt sur un accord, malgré la persistance d’un certain nombre d’incertitudes.
Il s’agit là d’une étape logique dans la restructuration profonde de notre système de santé, commencée depuis environ une décennie et portée par tous les gouvernements successifs.
Dans un tel contexte, avec une volonté clairement affichée au plus haut niveau de l’Etat par Ma Santé 2022, la question est comment rester un acteur professionnel cohérent et lucide dans le cadre de la mise en œuvre de cette politique publique de santé.
Pour une équipe de soins primaires comment faire communauté sur son territoire ?
D’abord penser et re-penser « son » territoire, car nous savons bien que la carte n’est pas le territoire ! Nos cartes mentales, même matérialisées ou officialisées, ne constituent de véritables territoires que si elles représentent réellement des lieux d’action et d’interaction pour les professionnels de terrain que nous sommes, mais aussi – et surtout – pour les habitants/usagers !
Finalement c’est donc l’usager – l’habitant qui entre en interaction avec nous – professionnels- qui va de manière la plus significative dessiner et redessiner progressivement nos territoires … d’actions … de santé.
D’où l’importance d’appréhender ces territoires parcourus dont les contours sont essentiellement tracés par l’exigence de proximité, tout au moins dans un contexte de soins et santé de premiers recours.
Partant de là, faire communauté ne se décrète pas, mais se construit et re-construit. En permanence.
Il s’agit de rassembler et se rassembler, sans exclure, ni inclure de force. Ce qui nécessite de seconnaître et se reconnaître. Il s’agit donc d’une démarche qui ne peut être que volontaire et permanente.
Pour quoi faire ? Agir et mieux agir ensemble, pour la promotion de la santé des personnes appartenant aux populations qui fondent notre légitimité professionnelle par les services que nous leurs rendons.
Il s’agit donc d’une démarche où il s’agit de coordonner et se coordonner à tous les niveaux de nos interventions (classiquement au niveau micro et méso)
Dans cette perspective, la coordination doit entrainer la structuration : c’est la fonction qui crée l’organe !
Or la coordination est une nécessité face à la complexité des situations de santé.
Faire communauté est donc une démarche collective durable découlant de la pleine conscience de l’explosion épidémique des situations complexes en santé. Qu’elles soient purement biomédicales (ce qui reste exceptionnel) ou – beaucoup plus fréquemment – bio-psycho-sociales.
Cette pleine conscience de la nécessité d’une action collective coordonnée est en premier lieu acquise concrètement par les professionnels qui ont choisi de faire équipe autour d’une patientèle partagée, ce qui constitue un atout culturel indéniable pour faire communauté sur un territoire partagé.