Le samedi 5 octobre 2019, la FémasIF était présente lors d’une conférence portant sur l’offre de soins en Kinésithérapie en Ile-de-France, au salon Rééduca. Le tableau dressé est issu d’une enquête pilotée par l’Union Régionale des Professionnels de Santé (URPS) des masseurs kinésithérapeutes libéraux et menée par le cabinet Plein Sens. Quels constats émergent de cette étude ? Les modalités d’exercice (individuel vs collectif) sont-elles en mutation ?
Les pratiques des masseurs kinésithérapeutes libéraux
L’enquête a été réalisée dans trois territoires franciliens présentant des caractéristiques socio-démographiques distinctes. Il s’agissait du 16ème arrondissement, de la ville de Saint Denis et enfin du canton de Coulommiers, un territoire rural.
L’étude ne s’est pas limitée à interroger les masseurs kinésithérapeutes en exercice mais s’est également intéressée aux étudiants, qui sont autant de professionnels en devenir. Ce focus étudiant permet ainsi de dégager des éléments de prospective pour mieux appréhender l’avenir.
L’étude révèle deux grandes tendances de fond :
- Une « territorialisation des pratiques » : tendance à l’homogénéisation des pratiques des masseurs-kinésithérapeutes par territoires. Par exemple, les soins à domicile sont organisés de façon plus ou moins importante dans les aires géographiques étudiées, mais c’est aussi le cas pour la pratique d’une coordination.
- Des pratiques de plus en plus spécialisées : vécues parfois comme un moyen d’acquérir plus de reconnaissance ou même de « réenchanter leur travail ».
Cette information parait d’autant plus intéressante à l’heure de la construction des communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS).
Ces deux dynamiques sont à analyser au regard de trois constats :
- Un sentiment de mal être exprimé par les professionnels,
- Des tensions dues à des ressources contraintes sur le territoire,
- Une sensation d’isolement et de « déficience des réseaux de santé de proximité ».
Yvan Tourjanski, président de l’URPS Kinés Ile-de-France et de l’Association inter URPS Francilienne (AIUF) évoque les difficultés rencontrées par la profession :
« Les avancées professionnelles sont réelles mais encore récentes et peu connues des kinésithérapeutes. L’étude révèle un sentiment et un constat de très forte sollicitation de la profession sans moyens adéquats, allant jusqu’à des risques de surcharge ou d’abandon, qui mérite réponse. Cette tension est variée en fonction des territoires : la réponse devra donc être adaptée aux différentes situations. Le travail à poursuivre dans cette optique doit nécessairement s’appuyer sur une écoute et une prise en compte de ce diagnostic par les pouvoirs publics. »
Yvan Tourjanski, président de l’URPS Kinés Ile-de-France et de l’Association inter URPS Francilienne (AIUF)
L’exercice collectif est encore fragile chez les masseurs-kinésithérapeutes libéraux, mais semble séduire les jeunes générations.
Cette enquête nous alerte quant à la sensation d’isolement des masseurs kinésithérapeutes libéraux, dans leur exercice et sur les territoires. En effet, « 62% des répondants estiment que globalement, ils ne travaillent pas avec les autres professionnels de santé, voire qu’ils ne se connaissent même pas ».
Pour autant, les masseurs kinésithérapeutes libéraux ne sont pas totalement absents de l’exercice collectif. En effet, ils représentent la troisième profession après les médecins généralistes et les infirmiers au sein des maisons de santé pluriprofessionnelles. Quatre-vingt-cinq masseurs kinésithérapeutes en exercice en MSP auraient signé l’accord conventionnel interprofessionnel, soit 7,2% du total des professionnels représentés en MSP, selon les chiffres présentés lors de la commission paritaire des structures d’exercice pluriprofessionnelles du 29 novembre 2019.
Les enquêteurs soulignent également que les critères d’installation ont changé pour les jeunes diplômés en 2019. Ainsi, contrairement aux réponses des praticiens libéraux déjà installés, le premier critère de choix ne serait plus « le lieu de l’activité » mais bien « le contenu de l’activité et le type de pratique ». Le modèle d’organisation collectif semble séduire davantage les jeunes générations, ainsi que les dimensions de prévention et promotion de la santé.
Les équipes de soins primaires, les maisons de santé pluriprofessionnelles et les communautés professionnelles territoriales de santé sont autant de perspectives d’avenir en réponse aux aspirations de la nouvelle génération de masseurs kinésithérapeutes libéraux !
Pour en savoir plus sur l’enquête réalisée, nous vous invitons à lire l’étude complète ou sa synthèse disponibles ci-dessous.