La FémasIF a réalisé une enquête sur l’encadrement des stages en ambulatoire entre le 14 mars et le 15 mai 2023 auprès des MSP de son réseau. Les 39 réponses issues de 30 MSP différentes mettent en évidence des enjeux à relever pour assurer une formation pluriprofessionnelle de qualité des étudiants en santé.
Il est important de noter une surreprésentation des médecins généralistes au sein des encadrants de notre échantillon de MSP. Ainsi, si l’on retrouve 155 MSU dans les MSP répondantes, il n’y a que 24 infirmières encadrantes de stage, étant néanmoins la deuxième profession la plus représentée au sein des encadrants de notre échantillon. Cette prépondérance des médecins généralistes au sein de l’effectif des encadrants en MSP soulève un problème de représentativité des autres professionnels de santé. Pour une transmission des savoirs pluriprofessionnels, il est essentiel d’intégrer l’ensemble professions à l’encadrement des stages.
Concernant le profil des stagiaires, la pluriprofessionnalité est de mise, avec une grande diversité des étudiants en santé accueillis. Ainsi, la quasi-totalité des MSP répondantes accueillent au moins un stagiaire par an, toutes professions de santé confondues. Cependant, en raison des capacités d’encadrement limitées dans l’ensemble des professions (hors MG), le nombre de stagiaires accueillis dépasse rarement le seuil de 4 étudiants d’une même profession par an. Ainsi, seuls les MG sont en capacité d’encadrer des volumes importants de stagiaires : à titre d’exemples, 4 MSP accueillent entre 11 et 15 étudiants en médecine générale tandis que 9 MSP accueillent plus de 15 étudiants en médecine générale par an. En ce qui concerne l’encadrement effectif des stagiaires, il est intéressant de constater que plus de deux tiers des MSP déclarent que plusieurs professionnels ou l’ensemble de l’équipe sont chargés de la supervision des étudiants accueillis. Le temps moyen consacré à la supervision est d’une heure par jour.
L’initiation à la pluriprofessionnalité s’appuie sur des invitations fréquentes, voire systématiques, aux Réunions de Concertation Pluriprofessionnelles (RCP). Cependant, la rédaction de protocoles pluriprofessionnels ou la mise en œuvre d’actions de santé publique demeurent encore anecdotiques, offrant des pistes d’amélioration pour renforcer l’implication des étudiants accueillis dans les activités emblématiques de nos MSP. A des fins d’initiation à la pluriprofessionnalité, des initiatives se distinguent. Ainsi, dans une MSP, le stagiaire est désigné référent d’un patient dit « complexe » requérant un suivi transversal. Le stagiaire-référent est encouragé à assister à l’ensemble des rendez-vous du patient, lui permettant ainsi de mieux appréhender la complémentarité des prises en charge par les différents professionnels inclus dans le parcours du patient. D’autres MSP organisent des travaux de réflexion et d’échanges transversaux de pratiques professionnelles entre étudiants en médecine générale et étudiants en santé.
L’accueil et l’encadrement de stagiaires en MSP est une expérience enrichissante pour l’ensemble des parties prenantes. Plus des deux tiers des stagiaires reviennent dans les MSP où ils ont effectué leur stage, que ce soit pour la rédaction de leur mémoire ou thèse de fin d’études, pour y exercer temporairement ou s’y installer à plus long terme. Les MSP, quant à elles, apprécient l’opportunité d’évaluer les compétences professionnelles et interpersonnelles des stagiaires, ainsi que leur intérêt pour le travail en pluriprofessionnalité et la cohérence de leur projet professionnel dans la perspective d’une intégration future dans l’équipe.
Malgré ces perspectives enthousiasmantes, des freins à l’exercice pluriprofessionnel des étudiants existent toujours. Certains professionnels au sein des MSP ne souhaitent pas être encadrants, principalement en raison d’une rémunération d’encadrement insuffisante, voire inexistante, pour de nombreuses professions au regard de l’important investissement horaire nécessaire à ce même encadrement. A l’initiative de certaines équipes, des modèles alternatifs sont expérimentés pour mieux encourager la participation de l’ensemble des professionnels dans l’encadrement des stagiaires : par exemple, les honoraires réalisés par les étudiants en médecine générale sont reversés à la SISA ou bien la mise en place d’un forfait encadrants (hors MG) issu de la dotation annuelle ACI. La couverture insuffisante des assurances de responsabilité civile professionnelle est également un frein à déplorer, parfois renforcé par un refus explicite des facultés d’inclure dans les conventions de stages des temps de découverte avec d’autres professionnels. Enfin, les MSP universitaires sont fortement incitées à accueillir davantage de stagiaires mais n’obtiennent pas, en échange de leur implication, de valorisation supplémentaire dans le cadre de l’Accord conventionnel interprofessionnel (ACI).
Pour conclure, les MSP franciliennes sont engagées dans l’accueil et l’encadrement des étudiants en santé et font preuve d’initiatives prometteuses dans ce domaine. Des défis subsistent néanmoins, notamment en matière de représentativité des différentes professions de santé au sein de l’encadrement et d’une meilleure valorisation financière. Dans le cadre des formations initiales des différentes professions de santé, les stages ambulatoires sont encore trop souvent centrés sur l’exercice professionnel, l’approche pluriprofessionnelle étant peu valorisée dans les grilles d’évaluation des stagiaires.