Parmi les nouveaux métiers qui prennent progressivement leur place dans le système de santé, le médiateur en santé est une véritable ressource pour les professionnels de santé et les habitants d’un territoire. Ses missions concourent à lutter contre les inégalités sociales de santé. Il apporte ainsi une réelle plus-value en maison de santé.
Témoignage de Sofía Wielandt - Mediatrice Santé
Qu’est-ce que la médiation en santé ?
L’article L. 1110-13 du Code de la Santé Publique, introduit par la Loi de Modernisation du Système de Santé du 26 janvier 2016, définit la médiation en santé comme un moyen « d’améliorer l’accès aux droits, à la prévention et aux soins des personnes éloignées des systèmes de prévention et de soins, en prenant en compte leurs spécificités. »
La Haute Autorité de Santé la définit, quant à elle comme :
« Une interface de proximité, par une personne de confiance, compétente et formée à cette fonction de repérage, d’information, d’orientation et d’accompagnement, pour faciliter :
- d’une part, l’accès aux droits, à la prévention et aux soins, assurés auprès d’un public ;
- d’autre part, l’information du système sur les obstacles du public dans son accès à la santé.
Le médiateur santé crée du lien entre l’offre (ou le système) de santé et une population qui éprouve des difficultés à y accéder. »
La médiation en santé vise ainsi à faciliter la circulation d’informations, à créer du lien entre professionnels de santé, acteurs médicosociaux et sociaux, institutions et habitants, à remonter les problématiques rencontrées sur le territoire en matière de santé et à recueillir les besoins. Elle permet également d’éclaircir ou de rétablir les relations.
Pour ainsi lutter contre les inégalités sociales de santé.
Le médiateur de santé est un tiers neutre, de proximité et un réel créateur de liens entre les acteurs du système de santé et la population. Il retisse du lien social et casse les barrières entre les gens (au moment où l’épidémie nous oblige à mettre des gestes barrières !).
Il existe une diversité tant dans les profils des médiateurs, que les structures porteuses, les financements ou encore les missions.
Quelles sont les missions du médiateur en santé ?
Ses actions s’inscrivent dans « l’aller-vers » et « le faire avec ».
La HAS définit 4 grands rôles du médiateur en santé :
- Instaurer une relation de confiance entre usagers et professionnels de santé : repérage, présence active de proximité. Il implique ainsi les habitants dans une démarche de santé communautaire.
- Faciliter la coordination du parcours de santé : information et orientation, aide aux démarches de santé (ouverture des droits, obtention CMU, accès aux soins et aux campagnes de dépistage…), notamment pour les publics éloignés du système de santé ou en situation de précarité, relation entre acteurs du territoire.
- Favoriser les actions collectives de promotion de la santé entre acteurs du territoire.
- Participer aux actions structurantes : développement de partenariats, remontée des dysfonctionnements, recueil des besoins de la population en matière de santé…
De plus, il peut alerter les acteurs publics quant aux difficultés rencontrées par les populations, notamment celles en situation de précarité.
De par ses actions, il contribue ainsi à l’évolution des représentations et des pratiques en matière de santé.
Bien sûr, il ne se substitue pas aux professionnels de santé ni aux autres acteurs de santé. Il intervient en transversalité pour créer du lien, clarifier et rendre visible les dispositifs existants.
Quelles sont les compétences du médiateur en santé ?
Tout comme ses missions, ses compétences sont diverses. Le médiateur en santé doit :
- savoir communiquer
- avoir des compétences relationnelles, pour « aller vers » et développer les partenariats
- savoir identifier et résoudre des problèmes
- avoir des compétences administratives (pour l’ouverture des droits, par exemple)
- connaître son territoire : problématiques de santé et sociales, connaissance des acteurs de santé, médicosociaux et sociaux
- savoir travailler en équipe
- savoir prendre du recul, gérer son stress et se remettre en question
- faire preuve d’écoute, d’empathie, et ne pas être dans le jugement
- être capable de repérer, orienter, informer et accompagner des publics vulnérables
Les profils sont également divers : un professionnel médical ou paramédical (infirmier, sage-femme, aide-soignante…), un acteur du social ou encore un usager fortement impliqué sur son territoire.
Plusieurs formations permettent d’acquérir ces compétences, telles que le DU « Médiation en Santé » de l’Université Paris 13, ou le DU « Santé, maladie, soins, médiation et cultures » de l’Université Paris Descartes.
Les formations à la médiation en santé et sociale sont référencées sur le site du Programme National de Médiation en Santé.
L’association ACSBE – La place Santé organise des stages de formation à la pratique de la médiation en santé, retrouvez toutes les informations sur leur site internet.
Où peut-il exercer ?
Le médiateur en santé peut exercer au sein d’une association, d’un hôpital ou d’une structure de santé telle qu’une maison de santé. Il peut aussi être embauché par une collectivité territoriale, ou mis à disposition par l’ARS.
Il travaille au sein d’une équipe pluridisciplinaire et avec les acteurs de santé, médicosociaux et sociaux du territoire.
Quels sont les financements possibles ?
L’État, l’ARS ou les collectivités territoriales peuvent financer l’emploi d’un médiateur en santé et ou le mettre à disposition.
En juillet 2021, une expérimentation relative aux « structures d’exercice coordonné participatives » a été présentée par le ministère des solidarités et de la santé. Cette expérimentation vise à offrir une prise en charge sanitaire et sociale en ville de premier recours, tournée vers les besoins de leurs usagers et généralement implantée dans des territoires défavorisés. Les structures sélectionnées pour cette expérimentation pourront bénéficier d’un financement pour financer le recrutement d’un médiateur en santé par exemple.
La médiation en santé permet ainsi d’apporter des solutions à :
- la complexité du système de santé,
- la méconnaissance des réalités et besoins de la population par les professionnels de santé
- la méconnaissance des dispositifs et des conditions d’accès aux droits, qui sont multiples et qui entraînent alors un non recours ou des retards de soins.
Ressources complémentaires pour en savoir plus sur la médiation en santé :
- le référentiel de la HAS : « La médiation en santé pour les personnes éloignées des systèmes de prévention et de soins », Octobre 2017